
Un cadre réglementaire ESG imposé d’office aux entreprises françaises
Le cadre normatif, qu’il soit préconisé par des groupes de travail volontaires ou imposé par les États et les autorités de régulation nationales et supranationales, a abouti à une approche standardisée des critères ESG. Cependant, il existe une hétérogénéité entre les cadres réglementaires concernant les critères ESG selon les régions du monde.
Ainsi, 38% des entreprises interrogées considèrent que l’Europe et les USA constituent les régions les plus contraignantes en matière de réglementation ESG. Cela s’explique notamment par le fait que les pays occidentaux, à travers l’OCDE, ont été pionniers dans ce domaine. C’est en 1976 que l’institution se penche sur le sujet et tire ses principes directeurs, mais non contraignants, pour les multinationales. Les lignes directrices recommandées par l’OCDE complètent les initiatives réglementaires de l’Union européenne. En effet, l’institution a, ces dernières années, mis en place des cadres différents pour l’ensemble de ses États membres et des entreprises opérant sur son territoire. Par exemple, les innovations réglementaires, bien qu’actuellement réservées aux grandes entreprises (plus de 500 salariés) dans l’UE, s’appliqueront à terme à toutes les entreprises, y compris celles cotées non européennes, sur les marchés de la réglementation européenne, ainsi qu’aux succursales européennes de entreprises internationales. En effet, à partir de 2023, la réglementation dite CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) étendra l’obligation de reporting RSE extra-financier aux PME cotées en bourse, et aux grandes entreprises de 250 salariés, cotées ou non.
Quant à la zone Asie, vaste territoire où se situent un grand nombre d’entreprises interrogées lors de l’étude, 62% d’entre elles estiment que la réglementation en Asie n’est pas très contraignante pour le moment. En fait, la réglementation est particulièrement avancée dans les grandes puissances régionales, comme la Chine et l’Inde. Les acteurs de la société civile donnent une réelle impulsion à l’évolution des cadres réglementaires en faveur des droits humains et environnementaux.
De ce fait, il existe de grandes inégalités entre les réglementations selon les régions, posant ainsi les défis de l’harmonisation des cadres réglementaires.
Le diagnostic de l’écosystème où les entreprises françaises envisagent de mettre en œuvre leur stratégie de développement
Une analyse multicritères est indispensable pour qu’une entreprise s’implante à l’international. Selon l’étude, sur une échelle de 1 à 10, l’intégration moyenne des critères ESG dans les stratégies de développement des entreprises françaises reste timide : elle s’élève à 6,75 sur 10.
Au-delà du contexte politique et d’un environnement des affaires favorable à une implantation pérenne, d’autres critères doivent être appréciés pour garantir le respect international des critères ESG des entreprises françaises. La qualité des infrastructures disponibles, le niveau de corruption et plus généralement les barrières à l’entrée, ou encore les politiques environnementales sont des données qui conditionnent la stratégie ESG d’une entreprise pour se développer à l’international.
Ainsi, une analyse au prisme des critères ESG est nécessaire au respect des engagements ESG de l’entreprise.
Notre étude a mis en évidence quatre thématiques ESG à investiguer pour une analyse environnementale :
Le premier est la thématique environnementale : selon les entreprises interrogées, la composante « Environnement » est considérée comme la plus importante à intégrer dans les stratégies de développement international. Cela montre que ces entreprises sont très sensibles aux avertissements et risques climatiques croissants. Le changement climatique affecte ainsi notamment les choix stratégiques des entreprises en matière de stratégie de développement international. De plus en plus sensibles aux enjeux environnementaux du fait de la pression de la société civile et des évolutions réglementaires, les entreprises peuvent ainsi se confronter aux limites écologiques d’un territoire, notamment émergentes.
Le second est l’adaptation culturelle de l’entreprise et la disponibilité et la qualification des ressources humaines : Le niveau d’éducation et le facteur culturel ont un impact particulièrement important sur la performance de l’entreprise et dans la gestion des RH. Les entreprises françaises implantées à l’étranger doivent faire face aux défis des différences culturelles qui se manifestent au sein de leur filiale étrangère.
Le troisième volet concerne la sécurité et la pérennité des infrastructures existantes : La qualité et le niveau de capacité des infrastructures de transport, d’énergie et de téléphonie d’un pays sont des critères que les entreprises doivent prendre en compte, car la performance de l’entreprise est très dépendante de l’efficacité et de la qualité des infrastructures. En effet, les risques liés à une infrastructure désuète sont très importants. Le respect des normes internationales d’infrastructure dans la chaîne de valeur est une condition essentielle au respect de la main-d’œuvre et à la prévention des risques en matière de droits de l’homme et d’environnement.
Enfin, la quatrième composante concerne l’environnement des affaires et le niveau de corruption : en effet, l’analyse du niveau de corruption d’un Etat et de l’environnement des affaires du pays en question doit faire l’objet d’une attention particulière. La corruption demeure un grave fléau pour les opérations commerciales.
L’intégration des critères ESG doit être poursuivie comme un élément majeur dans la définition des stratégies internationales.
L’identification des risques ESG, une étape essentielle dans l’analyse de l’environnement
Face à l’évolution d’un environnement multiforme, difficile à maîtriser et de plus en plus imprévisible et susceptible de compromettre l’atteinte des objectifs de l’entreprise, il est de l’intérêt de cette dernière de mettre en place des mécanismes d’identification, d’évaluation et de gestion des risques. , qu’elles soient réelles ou potentielles dans un avenir proche ou lointain. La présente étude nous a permis de classer par ordre de criticité les risques potentiels auxquels une entreprise pourrait être confrontée : les risques politiques, sécuritaires et monétaires sont considérés comme les risques les plus critiques par les entreprises interrogées. Viennent ensuite les risques sociaux et sanitaires en deuxième position, et enfin les risques climatiques.
La stratégie de développement international doit reposer sur une solide stratégie d’atténuation des risques.
En prenant l’exemple de la dimension environnementale, le changement climatique, causé et amplifié par l’activité humaine, peut avoir un fort impact sur les réseaux d’approvisionnement dans divers secteurs (secteur viticole touché par les vagues de froid en hiver, production d’électricité hydraulique touchée par la réduction du débit des rivières, etc.). La multiplication des catastrophes naturelles liées au changement climatique, comme les incendies et les inondations, menace le transport des marchandises et toutes sortes d’infrastructures.
Quant au domaine social, la réglementation en la matière est de plus en plus poussée à évoluer du fait de la surveillance accrue de la société civile sur les agissements des entreprises envers leurs salariés, salariés concernés chaîne d’approvisionnement, et les communautés affectées par leurs activités. De plus, il y a vraiment une grande inquiétude de la part des clients, soucieux d’une consommation plus responsable. Les produits et services éthiques, respectueux de l’environnement et des normes sociales sont de plus en plus recherchés.
Ainsi, anticiper et prendre en compte les risques ESG dans la stratégie de développement et d’atténuation des risques, notamment pour suivre les évolutions de la réglementation, permet à l’entreprise de construire une stratégie résistante et pérenne et d’attirer beaucoup de compétences et de protéger l’image de marque en conséquence . avec son éthique et ses valeurs.
, (**); (***) Point d’appui
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