« J’ai eu droit à zéro aide »… Ce boulanger a fermé boutique assomé par ses factures d’électricité

Il n’y aura pas de « haricot zizi » dans les galettes des rois de Bourgaltroff cette année. Depuis son petit village de Moselle, Julien Bernard-Regnard avait monté une petite affaire en 2022 avec son pari audacieux. Près de douze mois plus tard, le boulanger tire le rideau dès le début décembre. La faute aux charges devenues trop élevées.

“Comme mes collègues, j’ai souffert avant la hausse des prix des matières premières. Le prix du beurre avait presque doublé, sans parler de la farine”, se souvient-il. “Puis en septembre, ça a été un choc quand j’ai vu le montant de la facture d’électricité : 1 300 euros au lieu des 450 habituels !” »

Four, chambre froide, vitrine, mixeur… La production étant très énergique, l’artisan a cherché des solutions. “Je me suis levé deux heures plus tôt pour profiter des heures creuses. Ça a commencé à 2h au lieu de 4h. On a aussi arrêté de cuisiner l’après-midi, on a débranché tout ce qu’on pouvait… Comme si on courir après l’énergie. » Sans grand résultat. “La consommation a un peu diminué, mais depuis que le prix du kilowattheure a augmenté, cela n’a rien changé. Ma facture aurait dû monter à 1 400 euros je crois.”

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Alors que faire? Julien Bernard-Regnard a augmenté ses prix de vente, avec une baguette “jusqu’à 1,40 euro”, et réduit ses charges salariales. “J’ai dû licencier ma vendeuse. Je me suis retrouvée à faire du pain et des pâtisseries puis à vendre. Elle faisait presque 100 heures par semaine”, explique-t-elle, toujours sans rechigner. Simplement raconter cette « longue pente » jusqu’à la liquidation judiciaire, début décembre. “Je n’avais plus d’argent, c’était devenu absurde. Maintenant, je suis mis en liquidation judiciaire. Tous les documents sont chez mon comptable et je ne veux plus en entendre parler, même si je dois rembourser mes dettes.”

“J’ai l’impression d’avoir abandonné mes clients”

Aujourd’hui l’ex-pâtisserie a peut-être envie de tourner la page, c’est toujours très touchant. Seulement “seulement dix jours” se sont écoulés depuis qu’il “a mis le nez dehors”. “Pendant trois semaines, j’étais dans le noir à la maison à manger des pilules, j’étais déprimé. Il ne me semble pas, je suis habituellement un battant”, peste le trentenaire, qui avait créé son entreprise en 2018. et n’a depuis cessé de se diversifier. “Chaque année, j’évolue. Je livre des colis, je vends des cigarettes, du loto, etc. J’ai vraiment tout donné pour tout ça et maintenant j’ai l’impression d’avoir abandonné mes clients qui se retrouvent à faire des kilomètres pour le moindre service.”

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“Ecœuré et en colère”, Julien Bernard-Regnard est très en colère contre deux personnes, qu’il tient à citer : “Olivia Grégoire et Bruno Le Maire”. Le ministre délégué aux PME, au Commerce, à l’Artisanat et au Tourisme, ainsi que le ministre de l’Économie sont coupables, selon lui, « de n’avoir fait que de la propagande ». “Ils répètent partout qu’on a droit à beaucoup de choses, mais moi j’avais droit à zéro aide. Zéro. À chaque fois, il y a beaucoup de clauses que j’ai fait passer, comme beaucoup de mes collègues.”

“Il y aura le feu” à Paris

Le bouclier tarifaire ? “Mon compteur électrique dépassait 36 ​​kVA”, répond l’artisan. Le service d’assistance pour le paiement des factures d’électricité ? “Le gouvernement a pris en compte les factures du même mois mais en 2021. Mais qui avait des dépenses énergétiques supérieures à 3% de son chiffre d’affaires à cette époque ? Le report du paiement des impôts et cotisations sociales ?” payé mensuellement pour tout ça ! Qu’en est-il alors des résiliations gratuites des contrats énergétiques ? “J’ai essayé, mais les autres fournisseurs étaient encore plus chers”, s’indigne encore Julien Bernard-Regnard, qui estime que le problème vient de l’indexation des prix de l’électricité sur ceux du gaz. Tant le royaume européen dénoncé par le président du Rassemblement national Jordan Bardella dans sa “Lettre aux boulangers de France” mardi.

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“Je suis d’accord avec lui”, insiste le Mosellan, qui promet d’être au rendez-vous des professionnels du secteur le 23 janvier à Paris. “Il va y avoir du feu parce que j’ai des collègues qui ont vu leur facture d’électricité décuplée”, lance-t-il en quittant son nouveau poste. Dans une chaîne de production d’Ineos Automotive (ex-Smart) à Sarreguemines. “Je tiens à remercier un client qui m’a trouvé un emploi… Je ne retournerai pas dans une boulangerie en France, c’est sûr.”

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