Jerry Lee Lewis, pianiste au jeu infernal et légende du rock, est mort

En juillet 2009, Jerry Lee Lewis monte sur scène à Bercy d’un pas étonnamment alerte. Bo Diddley (1928-2008) venait de jouer quelque chose avec le sourire, Chuck Berry (1926-2017) s’emploierait à détruire un peu plus sa légende. Jerry Lee Lewis s’est assis au piano, a commencé à pomper le rythme avec sa main gauche et a commencé à chanter pendant une demi-heure, passant de chanson en chanson comme un rêve, accompagné de vieux chevaux de maison qu’il a entraînés sans eux pour ne jamais dire où il allait.

Quelques jours plus tard, une émission annonçait qu’il avait annulé un concert en Suisse et qu’il se plaignait de dépression “le public [l]aimer[t] Suite”. Mais le fait qu’il y avait encore quelqu’un pour entendre Jerry Lee Lewis était un témoignage de l’amour de son public. Au fil des ans, le rockeur a accumulé tellement de rendez-vous manqués – qu’il ne joue pas ou qu’il joue n’importe quoi – que sa légende toxicomane et fou d’armes prend souvent le pas sur celle du musicien, inventeur. Les deux sont en effet inséparables, leur rencontre se veut rock’n’roll. Jerry Lee Lewis est décédé le 28 octobre à l’âge de 87 ans.

chansons et blues

Né le 29 septembre 1935 à Ferriday (Louisiane), Jerry Lee Lewis est issu d’une famille de petits Blancs, branche pauvre d’une dynastie de colons gallois installés dans le Sud au début du XIXe siècle.^e siècle. Son enfance est partagée entre l’exaltation des offices baptistes et l’atmosphère enfumée des juke joints, les clubs où les noirs se réunissaient pour écouter le blues.

Tout était là dès le début : un style de piano d’une violence presque mécanique, un rythme martelé, l’antithèse du funk des pianistes noirs, une voix forte et brutalement sensuelle qui franchissait allègrement les barrières du sous-entendu.

Malgré la ségrégation, le jeune Jerry Lee Lewis virera de la maison avec son cousin Jimmy Swaggart, qui deviendra l’un des télévangélistes les plus célèbres d’Amérique dans les années 1980, avant d’être surpris en compagnie d’une prostituée. À l’âge de 15 ans, Jerry Lee Lewis a commencé ses études théologiques au Southwestern Bible Institute à Waxahachie, au Texas. Un an plus tard, il est expulsé.

Jerry Lee Lewis avait appris à jouer du piano, un talent qui lui a permis d’accompagner les hymnes et aussi de reprendre les classiques du blues. Sa première apparition publique remonte à 1949. Pour célébrer l’ouverture de la concession Ford à Ferriday, un petit orchestre country et western est engagé. Jerry Lee Lewis a joué avec eux sur scène une version – mémorable selon les survivants – de Boire du vin Spo-Dee-O-Dee, par Stick McGhee (1918-1961).

Il a fallu plusieurs années pour voyager dans les bidonvilles du Sud à Jerry Lee Lewis, qui lui avait valu le surnom de Killer (“Killer”), pour signer avec Sun, le label Memphis de Sam Phillips (1923-2003). C’était en 1956, Elvis Presley (1935-1977) venait de quitter Sun pour RCA, et Phillips cherchait un remplaçant. Après plusieurs sessions en tant que pianiste dans un 45 tours résolument country, Jerry Lee Lewis arrête d’enregistrer Whole Lotta Shakin ‘continue. Tout était là dès le début : un style de piano d’une violence presque mécanique, un rythme martelant, l’antithèse du funk des pianistes noirs, Fats Domino (1928-2017) ou Little Richard, une voix forte et brutalement sensuelle, la gaieté à travers les barrières des insinuations.

De star du rock’n’roll à bigame incestueux

Pendant dix-huit mois les succès se succèdent – Grandes boules de feu (1957)Confidentiel du lycée (1958) … Chansons du pouvoir divin et de la preuve. Nous avons un enregistrement d’une conversation entre Lewis et Phillips qui a eu lieu pendant les sessions de Grandes boules de feu. Visiblement ivre, Jerry Lee Lewis demande à Phillips l’autorisation de ne pas enregistrer le titre, refusant de faire l’œuvre du diable en chantant du rock’n’roll. Sam Phillips tente de lui prouver qu’il peut aussi sauver les âmes de Jerry Lee Lewis et le chanteur explose : « Comment le diable pourrait-il sauver des âmes ?

Torturé par l’emprise des forces du mal sur sa réussite matérielle, Jerry Lee Lewis poursuit néanmoins son ascension. Mais lors de sa première tournée britannique, les tabloïds londoniens ont appris que Jerry Lee Lewis venait de se marier à 22 ans, pour la troisième fois, avec sa cousine de 13 ans, et qu’il n’avait pas pris la peine de divorcer de sa seconde épouse.

Parti des USA en tant que rock’n’roll star, le chanteur y est venu en bigame incestueux. La carrière de Jerry Lee Lewis ne s’est jamais remise de ce scandale. À la fin des années 1960, cependant, il enregistre plusieurs albums country pour Mercury, apaisant tous ses sens juvéniles. En 1972, il réussit même à remonter au sommet des charts avec une version faible des charts. Dentelle de Chantilly par le Big Bopper (1930-1959).

En 1989, Dennis Quaid a joué Jerry Lee Lewis Grandes boules de feu!, le film de Jim McBride qui a suscité un nouvel intérêt pour sa musique. À l’époque, Polygram sortait tous ses disques pour Mercury. Le film de McBride, imparfait, tentait de faire le lien entre la légende et l’homme, entre l’idole du rock’n’roll et le personnage d’un roman de Jim Thompson. En fait, cette tâche incombait à Nick Tosches, son biographe, l’auteur de Flamme infernale (1982, traduit par Allia en 2001), un des rares moments de littérature qui a donné naissance au rock’n’roll.

Ces dernières années, nous avons suivi les traces de Jerry Lee Lewis dans la section des nouvelles. De ses sept épouses, les deux dernières sont mortes d’une mort violente. Fanatique des armes à feu, il avait tiré un .357 Magnum sur son bassiste Butch Owens et tenté d’envahir Graceland du vivant d’Elvis Presley en forçant le blocus des gardes. Depuis la mort de Presley, Jerry Lee Lewis ne peut terminer un concert sans se féliciter au moins une fois d’avoir survécu au King. Ce qui est normal pour un tueur.