
Le ministre de la Culture encourage le monde de la bande dessinée à débattre après l’annulation de l’exposition Bastien Vivès au Festival d’Angoulême, mais peu d’auteurs sont prêts à affronter le sujet dérangeant, qu’ils laissent aux autres.
La Fête des Lumières 2022 à Lyon
Qui doit débattre de l’affaire Bastien Vivès à Angoulême ? Après l’annulation de l’exposition que le Festival international de la bande dessinée (FIBD) avait prévu de lui consacrer, le ministre de la Culture incite le monde de la bande dessinée à débattre. Dans Bubblesgaass, cependant, peu d’auteurs sont prêts à affronter ce sujet difficile, qu’ils laissent à d’autres.
Rima Abdul Malak, qui a visité jeudi ce grand rassemblement comique, n’a pas échappé à la question devant la presse. “Il y a eu une réaction légitime face à une attitude inacceptable” dans le “mots insultants” de cet auteur, a expliqué le ministre.
“Les choses se sont passées si vite que ce débat n’a finalement pas pu avoir lieu.”elle a pleuré. “J’aimerais vraiment que ça se passe ici au festival”.
Avec beaucoup d’amertume, l’organisation du festival annulée mi-décembre, Dans les yeux de Bastien Vives.
Une grande partie du monde de la bande dessinée n’a pas avalé l’hommage rendu à un jeune homme autrefois très virulent à l’encontre d’une de ses collègues, Emma, et auteur de livres controversés mêlant mineurs à pornographie.
Depuis, la justice a instruit son dossier, rouvrant début janvier une enquête préliminaire pour diffusion d’images pédopornographiques, alors qu’en 2019 une première plainte pour les mêmes faits avait été classée sans suite.
Cette amertume se lisait, entre autres, dans l’émotion de son directeur Franck Bondoux et les larmes au pupitre lors de la cérémonie d’ouverture mercredi soir. Il n’a pas abordé directement le problème, mais a déclaré: “On attend beaucoup des grands événements culturels”.
Interrogé sur cette polémique à l’issue de la cérémonie, le lauréat du Grand Prix, le créateur Riad Sattouf, a souligné que “Le Festival d’Angoulême, c’est le cœur battant de la bande dessinée”.
Lui-même n’entre pas dans le débat. “Toutes les discussions autour du festival, ses missions, comment il doit se développer, sont vraiment légitimes. Moi, c’est vrai que je fais des BD et que j’écris des livres. J’essaie de me concentrer là-dessus.”il a dit.
En se promenant dans Angoulême, lui et les autres festivaliers ne pouvaient pas manquer des affiches endiablées qui disaient par exemple : « Pédopornographie : éditeurs complices, diffuseurs coupables #metoobd » ou alors « Les enfants ne provoquent pas le désir : les adultes sont les coupables ».
Dès qu’il ne s’agit plus d’écrire des slogans, mais d’échanger des points de vue contradictoires, tout est plus difficile.
Au cours d’une “rencontrer” Jeudi devant le public, une auteure, Aurélia Aurita, 42 ans, a avoué : “J’ai choisi de ne pas parler publiquement de cette polémique”.
“En tout cas, je suis content qu’il y ait débat. Tant qu’il y a débat, c’est très sain (…) même si on se dispute. C’est tout ce que je dis.”ils ont lancé.
De son côté, une auteure qui a signé une BD en 2018 avec (En tant que chef), et qui est enseignant “Poétique de la BD” au Collège de France, Benoît Peeters.
Il a annoncé sa participation à un débat prévu samedi après-midi La sexualité dans la BD : peut-on tout dessiner ? Mais il a regretté, “Beaucoup de gens sont devenus fous, même parmi les ennemis déclarés d’un certain auteur”.
“J’espère qu’on arrivera à débattre, car il y a de vraies questions qui ne se limitent pas aux problèmes d’un individu”explique ce théoricien renommé de la bande dessinée.
La table ronde n’est pas incluse dans le programme du festival, qui est distribué aux visiteurs, car ce n’est pas l’initiative de la direction du festival, mais d’un partenaire, Le Point.
Cet hebdomadaire a montré où il en était en publiant jeudi l’analyse d’une journaliste détestée par de nombreuses féministes, Peggy Sastre. On l’appelle Affaire Vivès : la mécanique d’un lynchage.
(AFP)