
C’est une étoile de glace et de poussière portant le doux nom “C/2022 E3 (ZTF)”. Cette comète, venue de la périphérie du système solaire, n’a pas pointé le bout de sa queue près du soleil pendant environ 50 000 ans. D’un diamètre d’un kilomètre – la moitié de la taille de la Principauté de Monaco, cet objet céleste peut être visible à l’œil nu fin janvier. Elle atteindra son périhélie, c’est-à-dire son point le plus proche du Soleil, ce jeudi, selon les calculs des astronomes.
Il sera le plus proche de la Terre le 1er février, à une distance d’un peu moins de 42 millions de kilomètres. Mais qu’est-ce que cette comète a de si spécial ? Comment mieux le regarder dans les semaines à venir? 20 minutes Regard sur cette étoile qui décorera notre ciel nocturne grâce à l’éclairage de Léa Garton, maître de conférences à l’Université de la Sorbonne et chercheuse à l’Observatoire de Paris.
Pourquoi cette comète est-elle spéciale ?
“On n’a pas l’occasion d’observer une comète à l’oeil nu tous les jours”, note d’emblée Leah Garton, ajoutant que cet objet céleste est “toujours très agréable à regarder, même pour les astronomes amateurs”. Avec leurs queues, les comètes ont longtemps fasciné l’humanité. Leur nom vient du grec ancien « étoile poilue » et on les appelle « balais étoilés » au Japon. La spécificité de “C/2022 E3 (ZTF)” est qu’il vient de très loin. “Dans le système solaire, tous les objets sont soumis à l’énorme attraction du soleil. L’orbite des planètes est presque circulaire mais les comètes ont une ellipse très écrasée”, explique le chercheur de l’Observatoire de Paris. La plus éloignée de son ellipse, la comète se trouve donc au bord du système solaire.
Or, “les comètes nous renseignent souvent sur leur provenance dans le système solaire”, souligne Leah Gratton. Les astronomes observent attentivement ces comètes pour en savoir plus sur leur composition et sur l’univers. Mais le projet de l’Agence spatiale européenne était prévu pour 2029 “intercepteur de comètes” (un intercepteur de comète) devrait permettre d’en savoir encore plus. “Nous allons placer une petite sonde spatiale à l’un des points d’équilibre autour de la Terre, c’est-à-dire là où les objets peuvent rester en place – et intercepter une comète qui viendra de l’autre bout de la planète. Le système solaire. Pour la première fois”, explique l’astronome. Les chercheurs veulent attraper une “comète primitive”, qui n’est jamais passée près du Soleil. Une perle rare donc, car même “C/2022 E3 (ZTF)” ne répond pas à ces critères. “L’idée est d’analyser une comète avant qu’elle ne soit chauffée dans un micro-onde, près du soleil, car cela peut modifier sa composition”, explique Leah Garton.
Que voit-on quand on observe une comète depuis la Terre ?
Planètes, Voie lactée, étoiles filantes, etc. L’espace est magnifique. Et avec leurs traînées lumineuses, les comètes ne sont pas en reste. Précisément ces queues de lumière peuvent être observées depuis la Terre. “Les comètes ont deux queues : l’une s’échappe de gaz, tandis que l’autre est composée de plasma”, souligne Leah Garton. En s’approchant du Soleil, les comètes subissent sa fournaise mais aussi ses vents solaires. Une partie de son corps est sublimée, c’est-à-dire qu’elle passe d’un état solide à un état gazeux, ce qui provoque ces belles rayures. “Quand on se rapproche du soleil, là où la température est plus élevée et le vent solaire beaucoup plus fort, les deux queues deviennent de plus en plus intenses, ce qui permet de les voir à l’œil nu”, explique le maître de conférences de la Sorbonne.
“C’est très excitant de regarder une comète, c’est un objet céleste que vous ne reverrez plus jamais de votre vie. Nous avons l’opportunité de voir un objet à des millions, voire des milliards de kilomètres de nous, qui continuera d’exister sans nous “, souligne Leah Garton. Il faudra 50 000 ans pour la prochaine visite de “C/2022 E3 (ZTF)”. Mais même les comètes les plus extraverties passent rarement plus d’une fois dans la vie d’une personne. La plus célèbre d’entre elles, Halley, ne revient que tous les 76 ans et sa prochaine visite est prévue en 2061.
Comment profiter de cette opportunité ?
Pour “C/2022 E3 (ZTF)”, l’opportunité commence ce soir. « Si l’on tient compte de la distance entre la Terre et la comète, le moment idéal pour l’observer se situe aux alentours du 3 février. Mais la lune sera pleine le 5, donc mieux vaut tenter sa chance vers le 24 janvier ou mi-février. “, explique Léa Garton. Parce que la luminosité de la lune peut être très limitante lorsqu’on essaie d’observer des objets célestes moins brillants qu’elle – c’est-à-dire la grande majorité. Cependant, cette comète devrait être “relativement facile à repérer”, d’autant plus qu’elle sera visible depuis la constellation de la Grande Ourse.
Pour contempler au mieux cet objet céleste, il vaut mieux rester à l’écart des grandes villes où la pollution lumineuse efface tous les détails du ciel. “A l’Observatoire de Paris, on ne regarde que le soleil car tout le reste est détruit par la pollution lumineuse”, explique Leah Gratton. L’expert encourage ceux qui sont motivés à investir dans des jumelles : “Pour des objets de ce type, il vaut mieux avoir de très bonnes jumelles qu’un télescope ‘bon marché’. Elles sont beaucoup plus pratiques pour un usage répété dans la journée, beaucoup plus portables et permettent de rechercher facilement l’objet avec les mains lorsqu’il faut positionner et régler un télescope “Avec de bonnes jumelles, on peut observer un certain nombre de satellites de Jupiter et même “observer presque les anneaux de Saturne”, promet l’expert. Pour “C/2022 E3 (ZTF)”, il faudra surtout prier pour que le temps soit clair car si le ciel est plein de nuages, la comète fera sa visite furtivement, à l’abri des regards…