
Le Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination raciale a exprimé vendredi son inquiétude face à “l’ampleur” des discours de haine raciale en France. Dans ses conclusions, il demande à l’Etat de mettre fin à l’enquête sur la mort d’Adama Traoré et de se pencher sur les messages menaçants reçus de sa sœur.
Ce vendredi, 18 experts indépendants du Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination raciale (CED) ont formulé une série d’observations et de recommandations, après l’examen régulier, les 15 et 16 novembre, de la politique de la France envers ses minorités.
Tout en notant la “détermination et la volonté politique du gouvernement français de lutter contre le racisme et la discrimination raciale sous toutes leurs formes”, la commission “a constaté la persistance et la prévalence du discours raciste et discriminatoire, notamment dans les médias et sur Internet”. .”
Appel à “mettre fin” à l’enquête sur la mort d’Adama Traoré
Dans ses observations finales, le comité se réfère à un cas précis, qui fait l’objet d’un litige depuis six ans. Le Cerd s’inquiète de la mort d’Adama Traoré, le jeune homme noir décédé en 2016 après avoir été interpellé par les gendarmes et la cause de sa mort est toujours en cours de détermination, et demande à la justice de “finir l’enquête”.
Le Cerd se dit également profondément préoccupé qu’Assa Traoré “ait été victime de messages injurieux et de menaces en ligne, notamment sur le compte Twitter du syndicat de la police”. Assa Traoré, devenu une figure de la dénonciation des brutalités policières, s’est rendu à Genève le 15 novembre pour être entendu par des experts du Cerd.
L’ONU veut garantir la “sécurité” d’Assa Traoré
Selon les résultats du comité, détaillés par Le monde et Médiapart, Après sa visite à Genève, Assa Traoré a fait l’objet de “messages d’intimidation et de menaces”. Le Cerd demande que la “sécurité” de la jeune femme soit garantie et appelle la France à poursuivre les policiers responsables de ces messages en ligne et à lancer des “juges criminels”.
Comme le révèlent nos partenaires, le 24 novembre, le Service social international des droits de l’homme (SISR) a mis en garde le Représentant permanent de la France auprès des Nations unies à Genève, Jérôme Bonnafont, l’appelant à empêcher Assa Traoré de tout acte d’« initiation et Regret”. L’organisation a déclaré dans cette lettre : “La France doit énoncer clairement sa position sur le droit de Mme Traoré à un accès et un dialogue sans entrave avec les Nations Unies et à la liberté d’expression”.
Ce dernier comprenait près d’une trentaine de pages de tweets, provenant principalement de syndicats de police, ainsi que de sites d’extrême droite. Après la visite d’Assa Traoré à Genève, le Syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN) a insulté le militant sur Twitter : “Cette personne ne représente personne sauf le clan criminel de la famille. L’ONU n’est pas honorée de donner une tribune à ce militant faux et radical . qui crache en France.”